L’humoriste Alphonse Allais déclarait : « Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur. » Une telle boutade montrait bien l’ambiguïté qui existe quand on parle de superstition. Cette notion est au centre de beaucoup de comportements, mais elle reste mal connue.
Dans De natura deorum, Cicéron définit la superstition comme une piété excessive, exagération cultuelle dépassant le contrat passé entre Rome et ses dieux. Saint Thomas la considère comme un « vice qui s’oppose à la religion par excès, culte divin rendu indûment ». Après lui, c’est encore cette définition qui est retenue, par exemple par Gerson. La vraie religion tient le milieu entre l’excès et le défaut.
En fait, derrière ces définitions, le mot « superstition » sert à disqualifier ou à hiérarchiser. Il convient d’étendre les études de Jeanne Favret-Saada à l’ensemble du discours religieux ou politique : décréter que quelque chose relève de la superstition est un moyen de disqualifier un problème ! Le mot est régulièrement utilisé dans l’argumentaire politique. C’est ce rapport avec le discours, qui fait que les superstitions n’ont toujours pas disparu et ne disparaîtront jamais. Gauchet a parlé du « désenchantement du monde », mais s’il a eu lieu dans de nombreux domaines, il n’a pas touché les superstitions.
Ce webdocumentaire se décline selon trois niveaux :
Le webdocumentaire SUPERSTITION est une réalisation de l’ISERL (Institut Supérieur d’Études des Religions et de la Laïcité) et du LabEx COMOD. Elle a bénéficié du soutien des universités Lyon 2 et Lyon 3, de l’ENS-Lyon et la TGIR Huma-Num.
Ce webdocumentaire a été imaginé et réalisé par Philippe Martin.
Nous remercions pour leur soutien : Jean-Pierre Chantin, Laurent Chevassu, Boris Klein, Jeff Loch, Jean Million, Sarah Nègre, Philippe Topalian, les étudiants du MASTER CEI, Marina Rougeon, Louis Charfa et les membres du groupe de recherche sur les superstitions (ISERL).
Nous tenons à remercier spécialement les équipes de l’université Lyon 3 et Alpha Studio.